> Bruce Davidson - Fondation Henri Cartier-Bresson
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100e rue, New York, 1966-1968 ©Bruce Davidson/Magnum Photos
100e rue, New York, 1966-1968 ©Bruce Davidson/Magnum Photos
100e rue, New York, 1966-1968 ©Bruce Davidson/Magnum Photos
New York, 1962 ©Bruce Davidson/Magnum Photos
Montgomery, Alabama, 1963 ©Bruce Davidson/Magnum Photos
Alabama, 1965 ©Bruce Davidson/Magnum Photos

Bruce Davidson

"Time of Change" et "100th Street"

du 17 janvier au 22 avril 2007

Bruce Davidson, né à Chicago en 1933, membre de Magnum Photos, a produit en un demi-siècle une oeuvre unanimement célébrée pour sa puissance formelle, sa dimension sociale et politique, et sa profonde humanité. La Fondation Henri Cartier-Bresson présente aujourd’hui deux essais emblématiques de son travail : Time of Change et 100e rue. L’exposition rassemble une centaine de photographies noir et blanc sélectionnées par l’auteur avec Agnès Sire, directrice de la Fondation HCB, ainsi que quelques vintages de la série « 100e rue » publiés à l’époque dans la revue DU. Les tirages modernes ont été réalisés à New York par Bruce Davidson. La plupart de ces images n’ont jamais été montrées en France.

Time of Change, témoignage majeur de l’émancipation des Noirs américains, et 100e rue, portrait du Harlem espagnol, sont deux travaux remarquables pour leur force esthétique et pour leur portée historique. Ces images constituent une mémoire visuelle incontournable des Etats Unis des années 1960. Bruce Davidson s’inscrit dans la lignée de la photographie sociale, comme Lewis Hine et les photographes de la FSA (Farm Security Administration). John Szarkowski, directeur honoraire du département de photographie du MoMA, écrivait à son sujet : «Peu de photographes contemporains nous livrent des observations personnelles si peu embellies – si dénuées de falsifications ou d’artifice. La présence qui emplit ses photos semble être celle de la vie qui y est montrée, à peine altérée par sa transformation en art». Toujours dans la durée, Davidson s’est intégré dans ces univers sous tension avec une profonde et rare empathie.

Alors qu’il étudie la photographie à l’université, Bruce Davidson est profondément marqué par ces mots d’Henri Cartier-Bresson (Images à la Sauvette, 1952) : «C’est en vivant que nous nous découvrons, en même temps que nous découvrons le monde extérieur. Il nous façonne, mais nous pouvons agir sur lui». En 1957, basé à Paris pour son service militaire, il réalise son premier essai, « La Veuve de Montmartre », le présente à son « père photographique » Henri Cartier-Bresson, qui l’encourage à poursuivre son travail. Il intègre Magnum en 1958, s’installe à New York et réalise « The Dwarf » puis « Brooklyn Gang ». En 1960, il réalise un portrait de la Grande Bretagne en crise pour le magazine Queen.

De 1961 à 1965 il documente la lutte pour les droits civiques aux Etats Unis (Time of Change), puis il commence à travailler sur Harlem (East 100th Street). Suivent Subway (1986), images en couleurs du métro new yorkais, et Central Park 10 ans plus tard. Au début des années 1970, il réalise trois documentaires. Il travaille par ailleurs pour la presse, notamment pour Life, Vogue, Queen, ou Esquire. Son travail a été largement publié, exposé et collectionné par les plus grandes institutions, dont le Museum of Modern Art (MoMA), l’International Center of Photography à New York (ICP), le Walker Art Museum à Minneapolis, le Smithsonian Institute à Washington ou la George Eastman House à Rochester. Davidson vit toujours à New York, où il poursuit son travail photographique. Une exposition présentant ses oeuvres récentes sur les jardins de Paris sera organisée à la Maison Européenne de la Photographie de juin à septembre 2007.

 

Time of Change
Lutte pour l’égalité des droits civiques, 1961-1965

Pendant 5 ans, Bruce Davidson a photographié la lutte pour l’émancipation des Noirs américains dans le sud des Etats Unis, à Chicago et à New York. Parmi ses images devenues emblématiques, l’une des premières mobilisations de Malcom X à Harlem, les combats menés par Martin Luther King, notamment la marche de Selma au printemps 1965 – un parcours de 80 km entre Selma et Montgomery – l’un des événements marquants de la lutte pour les droits civiques. Ces images furent rassemblées en 2002 dans l’ouvrage Time of Change (St Ann’s Press, 2002). En mai 1961, le New York Times envoie Bruce Davidson couvrir la Freedom March, un voyage en autobus d’étudiants anti-ségrégation de l’Alabama au Mississippi. Bruce Davidson s’intègre alors au mouvement et le photographie de l’intérieur, devenant le témoin principal de la lutte des Freedom Riders, participant aux marches, aux convois, photographiant les arrestations, les « Blancs goguenards », la violence des confrontations avec les forces de l’ordre En 1962, il reçoit une bourse de la Fondation Guggenheim pour photographier le «mouvement pour les droits civiques». Il se rend notamment dans le sud et partage la vie d’un camp de travailleurs saisonniers, cueilleurs de coton, pris dans la tourmente des violences ségrégationnistes et du désir d’émancipation. Davidson témoignera pareillement de leurs combats sociaux et de leur intimité. Dans le New York Times du 24 janvier 2003, Sarah Boxer écrivit : «Le témoignage offert par Bruce Davidson de ces cinq années cruciales pour le sud des Etats Unis – quasiment toujours concentré sur les moments de vulnérabilité silencieuse – transmet de manière profondément intuitive les sensations d’un observateur intérieur de cette foule déchaînée».

 

100e rue
Spanish Harlem, New York, 1966-1968

En 1965, le Harlem espagnol était considéré comme le quartier le plus déshérité et le plus malfamé de New York. Bruce Davidson s’est peu à peu immiscé dans ce monde invisible qui l’attirait profondément. «Je devais me pousser parfois pour aller dans ce quartier parce que j’avais peur de violer la barrière douloureuse de leur pauvreté. Mais une fois que j’y étais et que j’entrais en contact avec quelqu’un, que je me sentais intégré, je ne voulais plus m’en aller». Muni d’une chambre avec soufflet, d’un flash électronique, Bruce Davidson a su s’intégrer à la communauté et devenir le témoin privilégié de sa vie sociale et politique, tirant tour à tour, souvent «à la demande», le portraits de familles, de couples, de ceux qui souhaitaient être immortalisés par le «picture man». Dans la rue, dans les bars, sur les toits, dans les intérieurs sombres, trois années durant, il a inlassablement photographié les habitants de ce quartier, notamment grâce à une bourse du National Endowment for the Arts, attribuée pour la première fois à un projet photographique. «Je regardais les gens dans les yeux. Ils étaient calmes, tranquilles, retirés en eux-mêmes. » Ce travail fut publié en 1969 dans le magazine suisse DU, puis par Harvard University Press en 1970 (East 100th Street, dont une édition augmentée est publiée en 2003). La même année, une exposition au MoMA de New York, où « les habitants de la 100e rue sont venus se voir», couronna l’excellence de ce travail.

L’exposition est organisée par la Fundación MAPFRE, en collaboration avec la Fondation HCB.

exposition présentée dans le cadre du Mois de la Photo 2014

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