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du 10 mai au 29 juillet 2012
Du 10 mai au 29 juillet et pour la première fois en France , la Fondation HCB expose les séries emblématiques de Yutaka Takanashi, figure essentielle de la photographie japonaise du XXème siècle.
Depuis toujours, Yutaka Takanashi photographie la ville de près, de loin, voire de très loin depuis une voiture en mouvement ; tantôt « à l’affut » d’une image chargée de poésie, tantôt « ramasseur » d’un morceau de réel, il l’a souvent répété, ces deux tendances s’affrontent constamment en lui : poésie / réalisme, miroir / fenêtre, visible / invisible.
Né en 1935 à Tokyo, Takanashi a travaillé dans la publicité avant de devenir enseignant à l’université Zokei. Il est membre fondateur en 1968 du fameux mouvement Provoke qui publia brièvement la revue éponyme. L’aspect provocateur de ce court phénomène cachait une réaction profonde à l’establishment photographique. Toshi-e (vers la ville), son premier livre en noir et blanc à la maquette sophistiquée, marque la distance du photographe, qui a su affirmer son style en ne cédant pas aux sirènes du moment. Avec ces images, Takanashi cherche l’invisible, une poétique différente dans des espaces urbains improbables en pleine mutation. Il refuse la narration, s’insurge contre l’aspect tautologique de la photographie qui l’ennuie, mais, lassé par cette traque de l’invisible, décide finalement de lâcher son Leica pour une chambre technique grand format. Machi (la ville), son deuxième ouvrage, est tout le contraire de Toshi-e : avec Machi, j’ai tenté de me débarrasser du poétique, explique le photographe, qui a su trouver une modernité dans cette approche calme et pensée de la ville de l’intérieur, en couleur. Le sens du détail, de la vie juste arrêtée, est aussi très présent avec la série Golden-gai Bars dans le quartier de Shinjuku au moment de leur fermeture. Le temps y est suspendu, à l’inverse des images «mobiles» le long des routes durant les années soixante. Exposer pour la première fois à Paris l’ensemble de ces travaux est un privilège dont nous sommes fiers.
Cela aurait été impossible sans la Galerie Priska Pasquer, qui défend depuis longtemps la photographie japonaise. Nous sommes également très reconnaissants aux éditions Toluca, pour leur engagement passionné dans la réalisation de l’exposition et du catalogue. La majorité des tirages noir et blanc de cette exposition proviennent de la galerie Priska Pasquer, Cologne, les autres proviennent de collections particulières. Les épreuves couleur sont des tirages Cibachrome réalisés pour l’exposition.
Le catalogue de l’exposition, augmenté d’une introduction d’Agnès Sire et d’un texte de Ferdinand Brüggemann est publié par Toluca Editions. 192 pages, 38€