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En ce moment
du 28 janvier au 13 avril 2025
Dans l’imaginaire collectif, la Haute Kabylie, ce territoire montagneux situé au nord de l’Algérie, est le symbole d’une certaine forme de résistance à l’impérialisme,
à la colonisation, aux dominations et aux terreurs de tous âges. Comme si la nature ferrugineuse de son sol avait contribué à forger le caractère d’acier de ceux qui l’habitent.
Petit fils de kabyles, né à Genève en 1977, Karim Kal ne poursuit cependant pas ici une quête autobiographique ou même identitaire. Le projet qu’il a développé dans le cadre du Prix HCB s’inscrit davantage dans une recherche entamée il y a maintenant deux décennies dans des espaces – prisons, hôpitaux, banlieues – particulièrement déterminés par des situations de pouvoir.
Très marqué par le vocabulaire de la peinture abstraite de la seconde moitié du 20e siècle, Kal a développé un style reconnaissable entre tous. Photographiant essentiellement la nuit, à l’aide d’une puissante torche flash, il révèle certains détails et en laisse disparaître d’autres dans l’obscurité. Il sculpte le réel à la lumière.
Bien loin du trop-plein informationnel auquel les médias contemporains nous habituent, il ralentit le flux, choisit ce qui importe, et propose ainsi une ascèse critique autant que poétique. Ce faisant, il participe à la redéfinition du contrat documentaire inhérent au langage photographique.
Commissaire de l’exposition
Clément Chéroux
Directeur, Fondation Henri Cartier-Bresson
En ce moment
du 28 janvier au 13 avril 2025
« J’ai choisi le portrait comme sujet… ».
Depuis maintenant près d’une trentaine d’années, la présence de l’autre à l’image, son émanation subtile et mystérieuse, est au cœur de l’œuvre de la photographe finlandaise Marjaana Kella. Qu’est-ce que faire un portrait veut dire ? Entre 1997 et 2001, elle réalise des portraits de personnes sous hypnose. Elle veut interroger la dissociation qui s’opère alors entre l’état intérieur et l’apparence extérieure.
Durant la même période, elle photographie également des modèles qui tournent le dos à l’objectif. Elle sait que dans le portrait traditionnel, le visage, les yeux, l’expression attirent le regard. « Dès que le visage de l’autre apparaît, il m’oblige » écrivait Emmanuel Levinas. En oblitérant cette marque de présence au monde, elle cherche à attirer l’attention sur l’image elle-même. Qu’est-ce qu’une photographie ? Le principe de la méthode expérimentale consiste à faire varier les paramètres d’une expérience afin de déterminer exactement leurs effets sur son résultat. C’est là précisément ce à quoi Kella soumet l’exercice de la représentation. Elle questionne la manière dont les portraits sont réalisés mais aussi la façon dont nous les regardons.
Commissaire de l’exposition
Clément Chéroux
Directeur, Fondation Henri Cartier-Bresson