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Lauréat 2015
Le 23 juin, suite aux délibérations qui se sont tenues à la Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris, le jury du Prix HCB 2015 a désigné le photographe français Claude Iverné pour son projet « Photographies soudanaises, le fleuve des Gazelles ». Sa candidature était présentée par Xavier Barral, éditeur.
Décerné tous les deux ans par la Fondation Henri Cartier-Bresson, le Prix HCB est un prix d’aide à la création, d’un montant indivisible de 35 000 euros, dont l’objectif est de permettre à un photographe de réaliser un projet qu’il ne pourrait mener à bien sans cette aide. Initié par Robert Delpire en 1989, le Prix HCB a été relancé en 2003 à l’occasion de l’inauguration de la Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris. Depuis sa création, le Prix HCB a été attribué à Chris Killlip (1989), Josef Koudelka (1991), Larry Towell (2003), Fazal Sheikh (2005), Jim Goldberg (2007), David Goldblatt (2009), Vanessa Winship (2011) et Patrick Faigenbaum (2013).
Le Prix HCB est rendu possible grâce au concours de la Fondation d’entreprise Hermès, qui marque ainsi, une fois de plus, son attachement à la photographie et à la création contemporaine.
Ce prix a été décerné par un jury international composé de sept personnalités du monde des arts :
En 1999, Claude Iverné entreprend une enquête sur les traces d’une ancienne piste transsaharienne, qui reliait l’Égypte et le sultanat du Darfour, « Darb al Arab’in » (« la piste des quarante jours »). Il y découvre un peuple mêlé à l’histoire complexe et un pays baigné d’influences contraires. Naît alors le projet de documenter le pays, ses territoires.
Grâce au Prix HCB, Claude Iverné projette de documenter la naissance du 193ème Etat de notre planète, le Soudan du Sud. Il a choisi d’en esquisser les traits historiques, d’en tracer les contours contemporains. « Bahr al Ghazal » est le second volet d’un travail, qui doit être lu en miroir, réalisé au nord Soudan. Le Sud et le Nord s’éclairent l’un et l’autre. Le titre du projet emprunte le nom léger de la région la plus meurtrière du Sud Soudan en quarante années de guerre civile. En opposition au volet nord, dont le corpus d’images fut essentiellement réalisé au grand format en noir et blanc, Claude Iverné privilégiera la couleur, non pour elle-même, mais par souci de brouhaha, à l’instar des shows évangélistes, des enseignes multinationales, des publicités urbaines, des logos qui louent de concert la cacophonie globale. Un feu d’artifices pour bénir la mutation précipitée d’un territoire encore épris de nomadisme vers une économie de marché.
Ce nouveau chapitre sur le Sud-Soudan viendra clôturer cet ambitieux travail mené depuis presque 20 ans sur ce pays.
Ce projet, accompagné d’un livre sera exposé au printemps 2017 à la Fondation Henri Cartier-Bresson puis à l’Aperture Foundation, New York à l’automne 2017.
Né en 1963, Claude Iverné vit et travaille en France et au Soudan. Formé à la photographie auprès des grands noms de la mode, il travaille avec Pierre Cardin, puis les studios Pin-Up : Roversi, Snowdon, Olivar, Watson, etc… La presse remarque ses portraits, et lui commande des reportages. Il fréquente le séminaire de Jean-François Chevrier à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris et s’oriente vers une photographie plus affranchie, en tension entre les beaux-arts et les sciences sociales. Il défend la vue de l’œil humain comme méthode d’enregistrement, l’intimité et le brouillon comme mode de description.
Depuis 1999 et son premier voyage au Soudan, Iverné s’interroge sur les notions de territoire, d’identités et des codes et standards de représentations associés. En 2003, pour répondre à ses questions, il fonde Elnour (la lumière), bureau de recherches et de documentation où cohabitent photographes, artistes, scientifiques et écrivains. Sa connaissance du pays et sa pratique de la langue l’amène à contribuer à de nombreuses conférences et interventions publiques.
Il a exposé aux Rencontres internationales d’Arles (projection Fnac, 2002), aux Nations-Unies, Khartoum 2002, à la Maison des métallos, 2003 et 2013, à la galerie Clémentine de le Ferronnière, 2011, à la galerie 123, Londres 2004, au Centre culturel français, Khartoum 2004, au musée Royal de Mariemont, Belgique, 2007, à Visa pour l’image, Perpignan, (projection 2007), au centre culturel d’Égypte, Paris, 2010. Il a remporté le prix 3P, 2004 et fut commissaire de l’exposition Soudan aux Rencontres internationales de Bamako, 2005.
Il a contribué à l’entrée de photographes soudanais dans des collections publiques internationales.
· SudanPhotoGraphs Vol.1, Vincent Francigny, Alex de Voogt, Claude Iverné, Editions Elnour, juin 2012
· SudanPhotoGraphs Vol.2, Sabah Sanhouri, Sara Al Jack, Claude Iverné, Editions Elnour, octobre 2014
· Henri, Albin Michel, octobre 2010
· Observatoire urbain du Caire contemporain, 2005
· Pharaons noirs sur la piste des quarante jours, Musée royal de Mariemont, 2005