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du 9 septembre au 20 décembre 2009
En 1927, à l’occasion de son exposition Hommes du 20ème siècle à la Kunstverein de Cologne, August Sander déclarait que « voir, observer et penser » était le credo de son travail. La Fondation HCB expose, en collaboration avec Die Photographische Sammlung / SK Stiftung Kultur de Cologne , une centaine de tirages du célèbre photographe allemand (1876-1964) qui nous livre une magistrale esquisse de son époque à la fois typologique et topographique, et une grande leçon de photographie. Tirages d’époque pour la plupart, les épreuves rassemblées sont d’une qualité rare, et l’ensemble constitue une proposition inédite à Paris. Présenter l’œuvre d’August Sander en faisant cohabiter portraits, paysages et études botaniques, c’est rendre justice à l’esprit même de sa démarche.
Le catalogue, publié en Français par Schirmer & Mosel , est accompagné d’une préface par Agnès Sire , d’une introduction par Gabriele Conrath-Scholl et de la retranscription pour la première fois en français de la cinquième conférence radiophonique sur la photographie tenue en 1931 par Sander : La photographie, langage universel.
Né en 1876, August Sander a cherché tout au long de sa vie à transmettre une image de son époque, fidèle à la réalité, grâce à la photographie . Il se passionne très jeune pour le médium et achète son premier appareil photo à16 ans. D’abord employé d’un studio photo, il s’installe très vite comme photographe professionnel à Cologne et gagne sa vie comme portraitiste. Au début des années 20, il se lie avec les cercles culturels de Cologne. Musiciens, écrivains, architectes et acteurs posent pour le photographe qui commence à travailler au projet de sa vie, Hommes du XXème siècle (publié dans son intégralité en 1980). Le regard objectif porté par Sander sur la réalité est accueilli avec enthousiasme lors de la publication en 1929 de Antlitz der Zeit ( Visages d’une époque ) .Ce recueil de portraits, avait pour objectif d’établir une sorte d’inventaire sociologique des types humains, classes sociales et métiers, en évitant les clichés idéalisant.
Parallèlement à l’attention portée aux hommes de son temps, August Sander observe précisément la nature. Il commence à établir un répertoire topographique des différentes régions d’Allemagne et réalise des études de botanique qui le passionnent. Il s’agit pour lui de montrer le lien existant entre l’homme et les espaces naturels qu’il façonne . Dès 1933 il élabore des albums ayant pour thème ces régions et notamment les paysages du Rhin, dont l’exposition à la Fondation présente un exemplaire complet.
L’arrivée au pouvoir des nazis marque le début d’une période difficile pour le photographe, qui va déménager à la campagne avec sa femme Anna très active dans le studio ; il y met en sécurité 10 000 négatifs parmi les plus précieux Son livre Antlitz der Zeit est interdit à la vente en 1936, et les stocks mis au pilon. Son fils Erich est emprisonné (il meurt en 1944), et une grande partie de ses négatifs est détruite dans l’incendie de son appartement de Cologne.
Après la guerre, Sander se consacre à l’organisation de ses archives et notamment à la constitution d’un vaste ensemble sur Cologne, avant la destruction de la ville pendant la guerre : Köln wie es war ( Cologne telle qu’elle était ). La ville l’achètera en 1953.
En 1951, son travail est montré à la Photokina de Cologne, il fait partie de la célèbre l’exposition Family of man organisée par Steichen au MoMA de New York en 1955, mais sa première grande exposition personnelle hors d’Allemagne, se tiendra au MoMA de New York en 1969, après sa mort.
August Sander meurt le 20 avril 1964 à Cologne ; il laisse une œuvre immense dont la lucidité et l’obsession de vérité furent d’une grande modernité. Son rapport à la série, son goût pour la démystification et la restitution objective ont éveillé chez de nombreux photographes contemporains une autre façon de voir.
L’exposition August Sander est présentée en collaboration avec Die Photographische Sammlung/SK Stiftung Kultur.
Publication (Schirmer/Mosel) : Voir, observer et penser , préface par Agnès Sire , introduction par Gabriele Conrath-Scoll, 176p, 39.80 €