> Fazal Sheikh - Fondation Henri Cartier-Bresson
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From "A Sense of Common Ground" © Fazal Sheikh
From "Early Work" © Fazal Sheikh

Fazal Sheikh

Award winner 2005

Biographie

 

Fazal Sheikh, né à New York en 1965, est le lauréat de nombreuses récompenses prestigieuses. Ses travaux ont été exposés et font partie des collections des plus grandes institutions photographiques internationales. Artiste engagé, il attache autant d’importance aux photographies qu’aux récits qui les accompagnent. Son talent de photographe-écrivain lui permet de s’attacher réellement à ces femmes, non comme victimes symboliques, mais comme personnalités authentiques, nommées, qui se dévoilent dans un face à face direct et intime. En vivant pendant de longues semaines au sein des communautés qu’il étudie, en partageant leur quotidien avant de les photographier, il donne à ces images et à ces mots une profondeur liée à son engagement personnel : un sincère respect des croyances, des sentiments et de la nature humaine, une volonté farouche d’éveiller les consciences.

Prix HCB

 

Le 6 juin 2005, suite aux délibérations qui se sont tenues à la Fondation HCB à Paris, le jury international du prix Henri Cartier-Bresson a désigné Fazal Sheikh pour son essai « Moksha » et son projet « Ladli », témoignages sur les destins douloureux des veuves et des fillettes en Inde aujourd’hui.

Le jury du prix HCB 2005 était composé de sept personnalités du monde des arts : Robert Delpire (éditeur, Président du jury), Martine Franck (photographe, Présidente de la Fondation HCB), Anne Samson (Directrice ASC, communication et mécénat culturel), Bernard Latarjet (Président du Parc de La Villette, Paris), Tereza Siza (Directrice du Centro Portugues de Fotografia, Porto), Anne Tucker (Conservatrice photographie, Museum of Fine Arts, Houston) et Val Williams (Commissaire indépendante, Londres). La candidature de Fazal Sheikh était présentée par le Fotomuseum Winterthur, Suisse.

A propos du lauréat, le jury a déclaré :

«Son engagement, très sérieux, est à la fois politique et poétique – dans sa façon de traiter de problèmes très douloureux. Son approche très classique, formelle en apparence, voir distanciée, laisse le spectateur libre de prendre parti».

«C’est une façon très nouvelle et fondamentalement humaine de traiter un sujet d’actualité. En les laissant s’exprimer, il redonne à ces femmes une identité, et de la dignité».

«Au travers de portraits, d’interviews et de photographies de l’environnement de ses sujets, Fazal Sheikh nous confronte à la tragédie de femmes – très âgées ou très jeunes – en Inde. Il montre comment l’enfance est écourtée par la misère et la nécessité, et la tristesse de ces veuves rejetées par leurs enfants et leur famille».

Moksha, « le paradis » : Depuis 500 ans, la ville sainte de Vrindavan, dans le nord de l’Inde, est un refuge pour les veuves indiennes dépossédées de tout. Rejetées par leur famille et condamnées par la stricte loi martiale qui nie tous leurs droits, certaines décident de rejoindre Vrindavan dans des conditions difficiles, parfois au péril de leur vie. Leur rêve le plus cher est d’atteindre Moksha – le paradis – où elles seront libérées du cycle de mort et de réincarnation et où elles vivront entourées de leurs dieux pour toujours. Moksha réunit les portraits de ces femmes et leurs témoignages, récits bouleversants de cruauté et de dénuement. Fazal Sheikh s’est attaché à rythmer le livre et l’exposition d’images poétiques montrant leur environnement, paysages et sanctuaires, qui plongent immédiatement le lecteur dans l’intimité tragique de ces femmes.
Ladli, « fille adorée » : Dans la société indienne traditionnelle, une fille est parfois un fardeau ; sa famille devra constituer une dot importante pour qu’elle se marie – bien souvent dès l’enfance – et qu’elle intègre ainsi de façon digne la famille de son époux. A cause de cette coutume onéreuse, les fillettes doivent bien souvent endurer dès la naissance des sévices inimaginables et souvent, l’abandon dans un orphelinat. Mais surtout, avec les techniques modernes d’investigations prénatales, l’avortement des fœtus de filles s’est multiplié : « Dépensez cinq cents roupies aujourd’hui, économisez-en cinquante mille demain », allusion aux économies réalisées par une famille grâce à l’avortement du fœtus, en évitant ainsi le coût d’une dot, indispensable pour marier une fille. Fazal Sheikh a pu travailler avec diverses organisations indiennes qui lui ont permis de rencontrer des fillettes et des adolescentes, pour recueillir leurs témoignages.