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du 30 janvier au 19 mai 2024
Alessandra Sanguinetti (née en 1968) grandit et fait ses études en Argentine. En 1999, elle remarque deux enfants singulières, Guillermina Aranciaga et Belinda Stutz. Ces deux femmes, dont elle suit le destin depuis, s’érigent en icônes aux centres de sa vie et de son œuvre. Avec la campagne argentine en toile de fond, dans un univers essentiellement masculin fait de gauchos et de fermiers, les tableaux documentaires qu’elle crée traversent les stades de la vie et interrogent l’irréversibilité du temps.
Avec l’aide de ces deux cousines et en ayant recours à la mise en scène et à des accessoires, Alessandra Sanguinetti fait dialoguer ses photographies et ses modèles dans un ensemble résolument fantasmagorique. Telle Morphée tenant un miroir d’une main et offrant le pouvoir des rêves de l’autre, elle nous transporte paradoxalement dans l’illusion des rêves et dans la représentation de la réalité propre de ces âmes qui n’étaient, au commencement, que des points dans l’horizon.
Avec l’élaboration de ces tableaux oniriques et psychanalytiques, Alessandra Sanguinetti apporte une réponse sensible au questionnement perpétuel de la relation des artistes à leurs sujets. Au sein et en dehors de cette série, ces trois femmes, Guillermina, Belinda et Alessandra, forment en définitive une autre famille.
The Adventures of Guille and Belinda mérite une mise à jour constante. Cette série exposée aux Rencontres de la Photographie d’Arles en 2006, puis au BAL à Paris en 2011, est présentée du 30 janvier au 19 mai 2024 à la Fondation Henri Cartier-Bresson, dans un ensemble augmenté et actualisé de 52 photographies et de 3 films. Ce projet est riche de ce qu’il est et de ce qu’il sera : hier, aujourd’hui et demain.
Commissaires de l’exposition
Clément Chéroux, directeur, Fondation Henri Cartier-Bresson
Pierre Leyrat, Chargé des expositions, Fondation Henri Cartier-Bresson
Biographie
Alessandra Sanguinetti est née à New York en 1968 et y est restée deux ans avant de s’installer avec sa famille à Buenos Aires, où elle a vécu et travaillé jusqu’en 2002. Elle habite désormais entre San Francisco et Buenos Aires. Elle est diplômée de l’ICP, membre de Magnum Photos depuis 2007, et a reçu de nombreuses bourses et récompenses pour ses photographies (la bourse Guggenheim, la bourse de la Fondation Hasselblad, le prix Découverte des Rencontres d’Arles, entre autres). Sa première monographie, On the Sixth Day (2005), dépeint, en couleur, la réalité douce et tragique du cycle de la vie et de la mort des animaux dans une ferme. Dans The Adventures of Guille and Belinda and the Enigmatic Meaning of their Dreams (2010), son deuxième ouvrage et le plus célèbre, Sanguinetti suit l’évolution de deux cousines dans la campagne de Buenos Aires. La série est un tableau collaboratif de l’enfance et du passage à l’âge adulte. Entre attachement et curiosité ludique, le travail de Sanguinetti transcende la forme documentaire et questionne ce que signifient le fait d’être humain ou animal, et d’être vivant. Avec The Adventures of Guille and Belinda and the Illusion of an Everlasting Summer (2020), elle continue de photographier ses deux muses, qu’elle suit jusque dans l’âge adulte. Pour Some Say Ice (2022), inspiré du Wisconsin Death Trip de Michael Lesy, Sanguinetti a photographié la ville de Black River Falls et ses habitants pendant plusieurs années. Malgré la tendresse et la curiosité qui caractérisent ses œuvres, une inquiétante étrangeté habite ces images austères en noir et blanc et souligne la mélancolie et les tourments de la vie quotidienne. Dans Le Gendarme sur la colline (2017), commandé par la Fondation d’entreprise Hermès et la Fondation Aperture, Sanguinetti donne à voir sa vision de la France et de ses mœurs, renforcées ou mises à mal par les frictions contemporaines telles que celles engendrées par le multiculturalisme, par exemple. Le Gendarme sur la colline est un voyage intuitif, souvent lyrique, et critique. Dans son livre Sorry Welcome (2013), Sanguinetti tourne son objectif sensible vers sa propre famille, capturant, en voyeuriste, les nuances de sa vie personnelle et familiale.