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Weegee

Autopsie du Spectacle

du 30 janvier au 19 mai 2024

Exposition

Il y a une énigme Weegee. La carrière du photographe américain semble être scindée en deux. Tout d’abord, les clichés chocs parus dans la presse tabloïde nord-américaine : cadavres de truands gisant dans leur sang, corps incarcérés dans des véhicules emboutis, petits caïds à la mine patibulaire derrière les grilles du fourgon carcéral, taudis vétustes dévorés par le feu et quelques autres documents poignants sur la vie des plus démunis à New York entre 1935 et 1945. Ensuite, ce sont des images festives – soirées mondaines, spectacles de saltimbanques, foules en liesse, vernissages et premières –, auxquelles il faut ajouter un corpus pléthorique de portraits de personnalités publiques que le photographe s’est amusé à déformer par l’entremise d’une très riche palette de trucages entre 1948 et 1951, et qu’il poursuit jusqu’à la fin de sa vie.

Comment ces deux corpus, aussi diamétralement opposés, peuvent-ils coexister au sein d’une même œuvre photographique ? Les exégètes se sont plu à renforcer l’opposition entre ces deux périodes, à encenser la première et à détester la seconde. L’exposition Autopsie du Spectacle a pour ambition de réconcilier les deux Weegee en montrant qu’au-delà des différences de formes, la démarche du photographe repose sur une réelle cohérence critique.

La question du spectacle est omniprésente dans l’œuvre de Weegee. Dans la première partie de sa carrière, qui correspond historiquement à l’essor de la presse tabloïde, il participe à la transformation du fait-divers en spectacle. Pour bien le montrer, il inclut souvent des spectateurs ou d’autres photographes au premier plan de ses images. Dans la seconde moitié de sa carrière, Weegee se moque du spectaculaire hollywoodien : de ses gloires éphémères, des foules qui les adulent et des mondanités qui les entourent. Quelques années avant l’Internationale Situationniste, il offre à travers ses photographies une critique incisive de la Société du Spectacle.

Nouvelle lecture de l’œuvre de Weegee, Autopsie du Spectacle présente des icônes du photographe aux côtés d’images moins connues et jamais montrées en France.

Commissaire de l’exposition
Clément Chéroux, directeur, Fondation Henri Cartier-Bresson

Biographie
Weegee est né Usher Fellig le 12 juin 1899, dans une famille juive de Zolotchiv, une petite ville de Galicie qui faisait alors partie de l’Empire Austro-Hongrois et se trouve aujourd’hui située dans l’Ouest de l’Ukraine . À l’âge de 11 ans, il rejoint son père émigré aux États-Unis. Au bureau d’immigration d’Ellis Island, il devient Arthur Fellig. Installé dans les quartiers pauvres du Lower East Side, il quitte l’école à 14 ans et commence à travailler pour aider sa famille. Après avoir pratiqué différents métiers, il devient photographe ambulant,  travaille chez les photographes Duckett & Adler puis dans les laboratoires de l’agence ACME Newspictures. À partir de 1935, il se met à son compte en tant que photo-reporter. Vers 1937, il commence à utiliser le pseudonyme de Weegee, puis, vers 1941, à marquer l’arrière de ses tirages d’un tampon en forme de prophétie autoréalisatrice : « Weegee the Famous » . Pendant 10 ans, branché sur la radio de la Police, il photographie, principalement la nuit, les crimes, arrestations, incendies, accidents et autres faits divers. Le photographe a certes des accointances avec la Police, sans laquelle il n’aurait pu travailler, mais il fréquente aussi beaucoup les milieux de gauche. Il est très proche de la Photo League, ce groupe de photographes indépendants qui croient fermement en l’émancipation par l’image et milite pour la justice sociale. En 1945, il réunit ses meilleures photographies dans un livre intitulé Naked City [La Ville nue] qui rencontre un réel succès d’estime et de vente. Weegee commence alors à devenir effectivement célèbre. Au printemps 1948, il part s’installer à Hollywood où il travaille pour l’industrie cinématographique en tant que conseiller technique et parfois aussi comme acteur. Il photographie la fête permanente et développe diverses techniques de trucages photographiques avec lesquels il caricature les célébrités. En décembre 1951, après quatre ans sur la côte Ouest, il est de retour à New York, mais ne renoue pas pour autant avec son ancienne pratique. Jusqu’à sa mort, le 26 décembre 1968, la plus grande part de son activité consiste à profiter de sa notoriété pour publier d’autres livres, faire des tournées de conférences et diffuser largement ses photo-caricatures dans la presse.

Fermeture de la Fondation

La Fondation Henri Cartier-Bresson sera fermée du 16 septembre au 8 octobre inclus, pour l'accrochage de ses prochaines expositions.