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Dans Mons Ferratus, le photographe franco-algérien Karim Kal, lauréat du prix Henri CartierBresson 2023, explore les nuits de la Haute-Kabylie. Situé au nord de l’Algérie, ce territoire montagneux est, dans l’imaginaire collectif, le symbole d’une certaine forme de résistance à l’impérialisme, à la colonisation et aux terreurs à travers les âges. Ce livre accompagne l’exposition Karim Kal – Mons Ferratus présentée du 28 janvier 2025 au 13 avril 2025 à la Fondation Henri Cartier-Bresson.
Haut lieu de résistance face à la domination et aux invasions multiples au cours de l’histoire, particulièrement pendant la guerre d’Indépendance, la Haute-Kabylie est une région marquée par une topographie singulière. Dans cet ouvrage, Karim Kal s’intéresse aux paysages urbains, aux éléments d’architecture et à la végétation qui dessinent ce territoire. Petit-fils de Kabyles, le photographe ne revendique pas une quête identitaire à travers ce travail, mais l’envisage de plein droit comme une pratique documentaire.
Marqué par le vocabulaire de la peinture abstraite de la seconde moitié du xxe siècle, Karim Kal photographie essentiellement la nuit, à l’aide d’un dispositif d’éclairage artificiel. Ce procédé lui confère un style photographique unique et lui permet de sculpter ses compositions en isolant un ou plusieurs éléments dans l’image avec une rigueur architecturale. Par un jeu de lumière, certains détails se révèlent quand d’autres disparaissent dans l’obscurité. Il tend ainsi vers une forme d’abstraction, un minimalisme assumé face à la profusion d’images et d’informations à laquelle les médias contemporains nous habituent. Karim Kal ralentit ainsi le flux, choisit ce qui importe, et propose une «polyphonie de strates temporelles et géopolitiques » comme l’explique Émilie Goudal dans son texte. En photographiant ces lieux chargés d’histoire par fragments, Karim Kal propose une réflexion sur le territoire. «On accentue cet effet mythologique en travaillant la nuit», souligne-t-il.
L’ouvrage présente un ensemble de cinq séries photographiques intitulées Crêtes, Sols, Gravats, Lentisques et Sutures qui s’articulent autour de deux textes majeurs : un entretien entre Karim Kal et Clément Chéroux, directeur de la Fondation Henri Cartier-Bresson, et un essai d’Émilie Goudal, docteure en histoire de l’art. Un extrait du livre Mes indépendances: Chroniques 2010-2016 de Kamel Daoud, lauréat du prix Goncourt 2024, introduit l’ouvrage. Les séries photographiques sont rythmées par des pages de textes couleur brique faisant écho à celle des sols de Haute-Kabylie et aux constructions qui ponctuent le paysage. Karim Kal évoque une « essence colorée du territoire ».
Texte d’Emilie Goudal, entretien entre Karim Kal
et Clément Chéroux
Textes en français
11×24 cm