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Sur une idée de Clément Chéroux, cet ouvrage et l’exposition qu’il accompagne, examinent l’œuvre de Stephen Shore à travers le prisme inexploré de la photographie véhiculaire. Depuis les années 1960, il a réalisé la plupart de ses images depuis un moyen de locomotion que ce soit la voiture, le train, l’avion ou même plus récemment le drone. Le voyage, aussi important que la destination, devient un prétexte pour expérimenter et construire une œuvre photographique singulière. Stephen Shore explore ainsi le paysage contemporain en ce qu’il a de vernaculaire et ce qu’il révèle de la société américaine elle-même.
L’ouvrage présente une dizaine de séries sous forme chronologique. Dès 1969, Stephen Shore documente Los Angeles depuis une voiture en privilégiant la prise de vue instantanée, en N&B, qui laisse place à l’aléatoire et à une possible image ratée. Il continue dans cette pratique conceptuelle de la photographie en s’intéressant au langage visuel propre aux cartes postales avec celles qu’il crée sur la ville d’Amarillo en 1971, suivi de ses deux plus importantes séries, American Surfaces et Uncommon Places, qui en fait l’un des pionniers de la couleur. Avec American Surfaces, Shore crée un véritable journal de bord avec ses snapshots du quotidien complétés par ses scrapbooks où il répertorie tous les éléments de ses voyages : tickets de caisse, dépliants de motels, etc.
La série inédite, Topographies, réalisée en 2020 et 2021, est également présentée, où il expérimente avec son appareil monté sur un drone : « La dimension documentaire de ses images est toujours très importante pour lui (explique Clément Chéroux). Il ne veut pas photographier totalement à la verticale pour ne pas trop aller vers l’abstraction. Il est attentif à la position de l’horizon et à la hauteur de son appareil qui n’est pas celle d’un avion de tourisme ou de ligne. Comme il l’avait fait avec la voiture, il explore le paysage dans ce qu’il a de typiquement américain. Le véhiculaire est pour lui une manière d’interroger le vernaculaire. »
Ces différentes séries sont ponctuées d’extraits d’un long entretien réalisé en 2023 entre Stephen Shore et Clément Chéroux. Deux textes signés de chacun, introduisent le corpus visuel revenant sur le road trip photographique comme genre à part entière dans l’histoire de la photographie depuis Jacques-Henri Lartigue, Man Ray, Robert Frank jusqu’à Joel Meyerowitz. Clément Chéroux s’interroge également sur les raisons qui incitent ces artistes à utiliser la voiture comme lieu de création en les mettant dans un état « d’hyperacuité visuelle » où les images apparaissent naturellement dans le cadre du pare-brise.
Relié
22 x 27 cm
150 photographies couleur
Textes en français